Désorceler la finance
#laboratoire sauvage de recherches expérimentales
Désorceler la finance est un laboratoire sauvage de recherches expérimentales. Il réunit des artistes, des citoyen.x.nes et des activistes pour questionner notre relation à la finance mondiale et se réapproprier l’économie. Cette plateforme transdisciplinaire située à Bruxelles a été créée et portée par Looops de 2017 à 2020.
Durant ces 4 années, Désorceler la finance a réalisé une multitude de formes visuelles, rituelles, théâtrales et sonores, des ateliers participatifs et des conférences expérimentales en envisageant la finance sous le spectre de la sorcellerie.
Le laboratoire sauvage Désorceler la finance poursuit à présent son chemin de manière indépendante grâce à la création d’une association dédiée exclusivement à ses activités.
La création du laboratoire sauvage a été fomentée à l’automne 2016 au 25ème étage d’une des tours du World Trade Center à Bruxelles. Un lieu à la moquette chargée d’histoires puisqu’avant d’être un espace d’occupation temporaire de bureaux et d’ateliers d’artistes, cet étage était occupé par la Banque Dexia qui a fait faillite à la suite aux crises financières de 2008 et 2011. Ce lieu désossé quelques années plus tard par un obscur projet immobilier a beaucoup inspiré la création de Désorceler la finance.
Le lien entre la finance et la sorcellerie a émergé en découvrant des images d’archives de la bourse de Chicago et de la Corbeille de Paris. La représentation du monde de la finance largement répandu comme une matière aride régi par des fonctionnements rationnels et cartésiens a été sérieusement ébranlée à ce moment-là. Les salles de marchés nous sont apparues comme des lieux mythiques où s’opèrent une forme de transe obscure et délirante codée par une gestuelle (nommée Open outcry) digne d’un rituel néochamanique.
Nous nous sommes demandé.e.s quelle était la nature de cet envoûtement nourri par l’addiction aux chiffres. Cela nous a amené.e.s très vite au désir et à la nécessité de commencer une enquête. Non pour simplement dénoncer des fonctionnements mortifères mais pour contribuer à faire surgir à nouveau la vie dans des espaces gangrenés par la destruction du vivant.
Une foule de questions ont commencé à tourner dans nos esprits et se sont installées dans nos corps : comment déconstruire le langage de l’économie? comment se le réapproprier pour le reconstruire? comment se saisir de ses aspects à première vue incompréhensibles et inaccessibles quand on n’y connaît rien ? Comment reconnecter les enjeux locaux et la sphère de la haute finance pour mieux appréhender la situation? Comment amener chacun.x.e à s’autoriser à parler d’économie sans être économiste en partant seulement de soi et sa propre réalité? Comment rendre le monde de la finance poreux, palpable afin de s’en emparer en tant que citoyen.x.nes? Comment apporter notre contribution au changement de paradigme économique? Comment trouver les moyens de mener cette recherche? Sous quelles formes partager nos recherches?
Très vite, l’objectif du laboratoire a été d’imaginer des récits d’un monde libéré des logiques destructrices de la finance, à travers de nouvelles formes de créations, d’expressions et de participations populaires. La première étape a été de créer un rituel de désenvoûtement de la finance pour ouvrir un accès vers de nouveaux imaginaires.
MANIFESTE
La finance est partout. Elle donne un prix aux céréales qui assurent la base de notre alimentation, aux matières premières bois, métaux, minerais, etc. qui constituent les objets dont nous faisons usage chaque jour ; elle façonne le choix des énergies que nous utilisons ; elle détermine notre façon d’envisager et d’accéder à ce besoin fondamental qu’est l’habitat.
Chacun, chacune de nous est intimement lié.e à elle, nous l’emportons quotidiennement avec nous : la finance se glisse jusque dans les interstices de notre portefeuille, se loge au fond de notre sac à main, dans la poche arrière de notre jean ou la poche intérieure de notre veste. Notre carte bancaire, ce bout de plastique que nous gardons près de nous tel un grigri, est notre point de contact le plus commun avec la finance.
La finance est partout, et l’argent déborde. Les milliards et milliers de milliards et millions de milliards des banques, des sociétés d’assurances, des fonds de pension, des hedge fund, des fortunes démesurées et des dettes abyssales nous sifflent aux oreilles à l’écoute des nouvelles, à la lecture des journaux. Ils nous impressionnent. Mais, souvent, nous ne les entendons plus, occupé.e.s que nous sommes à nous débattre avec quelques dizaines, quelques centaines, quelques milliers d’euros peut-être. Peut-être ces milliards nous empêchent-ils aussi, par leur présence, leur pouvoir, leurs injonctions et leur insistance étouffante, de penser et d’agir autrement.
Dépasser cet état d’empêchement, de contention, d’étouffement, requiert de briser quelque chose qui est de l’ordre de l’envoûtement, de l’impuissance sidérée. C’est l’objectif du laboratoire Désorceler la finance.
Le temps est venu de rendre visibles les spectres des réseaux d’influence. Le temps est venu de décortiquer les rouages de l’économie et de la finance. Le temps est venu de mettre nos mains dans le cambouis.
Dans un contexte de crises économiques et financières à répétition aux effets délétères, nous soutenons qu’il est urgent de se réapproprier le fonctionnement de la société dans laquelle nous vivons et d’en maîtriser les enjeux. Laisser les questions économiques et financières dans les seules mains des experts n’est plus envisageable.
Désorcelons la finance pour nous sortir de l’immobilisme
Nous remettre en mouvement. Nous donner de la force.
De la force pour ouvrir un accès vers d’autres modèles de répartition des richesses.
De la force pour créer de nouvelles formes de production et de création.
De la force pour faire émerger d’autres solutions
De la force pour libérer notre imagination.
Les rituels
Les rituels de désenvoûtement de la finance se déploient sous la forme d’une occupation temporaire de l’espace public. S’y opèrent de nouveaux rites collectifs œuvrant à la transformation de notre système économique. Ils se situent sur un point d’équilibre entre le rituel magique, la performance théâtrale et l’action politique. Ils sont envisagés comme des rites marquant le point de rupture de notre relation au modèle capitaliste. Pris dans un élan collectif, le public est convié dans un espace de partage et d’expérimentations de pratiques artistiques et sorcières. Un lieu où l’on est invité à couper symboliquement le lien, l’emprise de la finance sur nos vies afin de retrouver, ici et maintenant, dans notre quotidien, de la puissance pour imaginer et fabriquer de nouveaux mondes.
Les rituels de désenvoûtement des marchés « Open outcry »
Les rituels de libération des fardeaux financiers
Le cabinet de curiosités économiques
Le Cabinet de curiosités économiques est une exposition qui témoigne des travaux de recherches du laboratoire et en particulier des divers rituels de désenvoûtement qui ont eu lieu à Bruxelles, Gand, Aurillac ou Montréal. Quelque chose s’est passé lors de ces rituels et la collection d’objets présente à ces moments-là est toujours chargée d’une puissance libératrice. Sceptres, amulettes, ou autres objets sorciers côtoient des pièces d’artistes associés au laboratoire, des objets étrangement liés à la finance mais aussi des productions didactiques ou scientifiques à l’instar de thèses d’économistes hétérodoxes. L’objectif était ici de montrer la recherche en train de se faire, et de faire la recherche avec les visiteurs eux-mêmes. Le Cabinet de curiosités économiques est un projet en constante évolution et existe sous différentes versions en fonction des contextes et lieux qu’il intègre.
La première exposition s’est déroulée en novembre 2017 à Saint-Etienne en France à l’Assaut de la Menuiserie puis a voyagé notamment au Festival Next à Courtrai, dans la galerie de l’Erg à Bruxelles et la Biennale de L’image Photographique de Liège.
Interférences sorcières
Interférences sorcières est un projet de recherche mené par Désorceler la finance en 2019 et 2020 dans le cadre du programme Fr-ART du FNRS soutenu par la bourse Art/Recherche. Il a été conduit par Emmanuelle Nizou, Aline Fares, Camille Lamy, Fabrice Sabatier et Luce Goutelle en partenariat avec l’ESA St Luc de Bruxelles.
Le territoire de cette recherche se situe sur une ligne tracée entre Londres et Francfort destiné à la circulation ultra-rapide des ordres boursiers du Trading à haute fréquence (HFT). Nous nous intéressons spécifiquement au territoire survolé par cette ligne qui relie ces deux places financières européennes en traçant une diagonale sur la carte de la Belgique.
Les conférences pirates
Durant les quatre années du laboratoire Désorceler la finance au sein de Looops, nous avons été invité.e.s à donner des conférences autour de l’économie et de la finance dans des contextes variés. Ces conférences permettent de partager nos recherches en cours. Nous avons pris le soin d’adapter la forme de nos conférences au contexte, dans le souci de toujours questionner le public que nous avions en face de nous.
Les ateliers
Tout au long du processus de recherches expérimentales, nous avons organisé des ateliers qui permettent de créer un espace ouvert à l’expérimentation collective. Ce sont des espaces d’échanges où s’élaborent des gestes et des pensées en mouvement, vivantes et vivifiantes. Des moments où le public est convié à prendre part à notre enquête, à s’approprier nos outils et nos recherches.
Toujours dans un souci de s’adapter au contexte, ces workshops ont été conçus en fonction du lieu d’accueil, du type de public et de la temporalité dédiée à ce moment. En voici la liste, une description détaillée est disponible dans la rubrique qui leur est consacrée.
Redistribution des richesses > Esa-St-Luc, Bruxelles, février 2020
Interférences sonores > Esa-St-Luc, Bruxelles, février 2020
Ne profites pas, jouis ! > Esa-St-Luc, Bruxelles, février 2020
Atelier du Jour d’Après > Bruxelles, 2020
Ateliers sur les marchés agricoles > Festival D’Aurillac (France), août 2019£
Fermentation spontanée > La Cambre, Bruxelles, décembre 2018
The Art of financial hacking > World Trade Center, Bruxelles, avril 2018
Désenvoûter la finance, sortir des paradis fiscaux > Le Brass, Bruxelles, mars 2018
Désenvoûter, pirater, hacker la finance > ENSBA, Lyon/St Etienne (France), mars 2018
Désenvoûter la finance, réouvrir les horizons > Le Brass, Bruxelles, janvier 2018
Les créations radiophoniques
Le laboratoire a eu l’occasion à plusieurs reprises d’explorer des formes d’écritures et de créations sonores et radiophoniques pour partager ses recherches.
Deux fiction-documentaires soutenu par le Fond d’Aide à la Création Radiophonique de la Fédération Wallonie-Bruxelles sont en gestation.
– Le glossaire de la finance et de la sorcellerie
– Rester vivantes
D’autres formes ont aussi vu le jour telles que :
– Le Rituel radioactif de désenvoûtement de la finance
https://rencontredescontinents.be/Rituel-radio-actif-de-desenvoutement-de-la-finance.html
– Je vois, Je vois, je vois de Maya Boquet
Les publications
Voici une liste non exhaustive des publications de Désorceler la finance que vous trouverez dans la rubrique « Écrits ». D’autres sont susceptibles d’être ajoutées à l’avenir.
Interférences sorcières, Se connecter à d’autres fréquences, créer des voies alternatives, Art/Recherches 2020
Abandonner ou affûter ses outils esthétiques en contexte de crise, Emmanuelle Nizou – Alternatives théâtrales
Arcanes de crystal, Emmanuelle Nizou – Kingkong Mag
Désorceler la finance ou fabuler en action, Emmanuelle Nizou – Culture & Démocratie
La sorcellerie capitaliste, pratiques de désenvoûtement d’Isabelle Stengers et Philippe Pignarre, recension, Aline Fares – Culture et Démocratie
Le Traité, Revue de recherche en design Azimuts
Les nouvelles du Jour d’Après
Cartomancie
Le Manifeste de Désorceler la finance
Créer un espace pour la réflexion et l’autocritique a été essentiel au cours du développement du laboratoire Désorceler la finance. Il y a beaucoup à dire à tout point de vue tant l’expérience a été intense. C’est pourquoi nous avons tenté de mettre cela en mots dans un carnet de recherches dont vous pouvez retrouver certains extraits dans la rubrique “écrits”.
Désorceler la finance a été cofondé par Aline Fares (ex-banquière, auteure et activiste), Luce Goutelle (artiste et chercheuse) et Fabrice Sabatier (graphiste spécialisé dans la représentation des données économiques). L’équipe fondatrice a rapidement été rejointe par Camille Lamy (designer) et Emmanuelle Nizou (dramaturge). D’autres collaborateurices ont au fil des projets rejoint le laboratoire. Désorceler la finance n’a cessé de multiplier les collaborations afin de former et de transmettre ses recherches expérimentales au plus grand nombre. Non pas grâce à un gros pactole de financement (à notre regret nos projets ont reposé en majorité sur du bénévolat) mais grâce à une énergie collective capable de soulever des montagnes.
Équipe noyau: Aline Fares, Emmanuelle Nizou, Luce Goutelle, Julien Celdran, Fabrice Sabatier, Camille Lamy, Amandine Faugère
Deuxième cercle:
Ilaria Bosca, Alix Denambride, Aude Schmitter, Zelda Soussan, Grégory Edelein, Stéphane Verlet-Bottero, Jean-Baptiste Molina, Dimitri Tuttle, Arthur Lacomme, Maxime Lacôme, Vincent Matyn, Amy Lux, Susie Suptille, Yohan Dumas, Eric Desjeux,
Ielles ont collaboré avec Désorceler la finance:
Emma Kraak, Hamedine Khane, Eva Betavatzi, Cécile Boche, Hippolyte Bohouo, Philippe Vasset, David Leloup, Paolo Cirio, Brett Scott, Myriam Pruvot, Anna Muchin, Pierre Bernard, Lora Verheecke, Nina Lombardo, Jérémy Désir, Maya Boquet, John Jordan, Laurie Bellanca, Martin Pigeon, Vincent Borel, Arthur Borriello, Antoine Bosc, Antoine Boute, Catherine Callico, Oriane Calligaro, Jean Coërs, Mélissa Cornu, Sebastian Daglinckx, Romain David, Alain Deneault, Lorenzo De Angelis, Camille de Bonhomme, Jérôme de Falloise, Camille Ducellier, Charlotte Ducousso, Anne-Sophie Dupont, Sihame Fattah, Chiara Filoni, Vincent Gobber (l’Assaut de la Menuiserie), Caroline Godart, Pablo Grandjean, Vanja Maria Godée, Zeno Graton, Anne-Sophie Guillaume (ZinTV), Sebastien Guitton, Jenifer Hobro, Antoine Kopij, Youness Khoukhou, Guillermo Kozlowski, David-Olivier Lartigaud (Labo NRV), Theo Morrissey, Sebastien Mortier, Gabriel Nahoum, RYBN, Pascoe Sabido, Marie-Caroline Terenne (Bernadette Editions) – Marie Tuloup (l’Assaut de la Menuiserie), Denis Adnet, Vincent Alexis, Sara Amari, Pascale Barret, Bryony Ulyett, Frank Vanaerschot, Sophie Wiedemann, Roxane Zadvat, etc.
BXL Culture – Radio Nuit Blanche | 26.09.2017
Présentation de notre laboratoire sauvage et des rouages du rituel de désenvoûtement de la finance Open
France Inter – Comme un bruit qui court | 14.10.2017
Plongée dans notre premier rituel de désenvoûtement de la finance Open Outcry durant la Nuit Blanche de Bruxelles (à partir de la 22e minute de l’émission).
SOUNDCLOUD – Je vois, je vois, je vois | 07.10.2017
Reportage radiophonique de Maya Boquet à propos de notre rituel de désenvoûtement de la finance dans le parc royal de Bruxelles.
France Culture – Les carnets de la création | 28.08.2018
Présentation de notre laboratoire sauvage dans le cadre La grande crise…10 ans après
. Interview réalisée par Aude Lavigne.
MOUVEMENT – Magazine culturel interdisciplinaire | 17.01.2019
Critique à propos de l’exposition Cabinet de curiosités économiques par Agnès Dopff
Journal Le Monde | 24.08.2019
Rassembleur et effronté, le théâtre de rue ensorcelle Aurillac
OFF.Radio | 30.05.2019
Emission sur l’économie enregistrée dans le cadre du festival artistique Offta de Montréal. Avec Catherine Chabot, Jean-Philippe Baril Guérard, Ianik Marcil, Emmanuelle Nizou et Julia Posca.
L’avenir | 15.09.2018
« Crash birthday: 100 Bruxellois parodient les retrouvailles de Lehman Brothers à la Bourse »
. Article à propos de notre happening Crash-Birthday devant la bourse de Bruxelles
Radio Panik | 31.01.2019
« Désorceler la finance en expo à l’ERG – Cabinet de curiosités économiques ».
Radio Campus | 06.12.2019
Présentation des activités du Laboratoire dans le Campus
Désorceler la finance sur les réseaux sociaux : instagram et facebook
Le site internet du Laboratoire Désorceler la finance